Coïncidence ou pas depuis quelques mois les premiers albums d'artistes largement soixantenaire sortent comme des petits miracles dans cette industrie du disque qui ne s'est plus trop où elle en est. On peut y voir une mode, un argument marketing ou je ne sais quoi encore... nous sur le Cargo ! on ne s'intéresse qu'à la musique, à ce qu'il y a sur cet album, à ce que l'on ressent à l'écoute. Hors que cela soit Seasick Steve, Charles Bradley ou encore Slow Joe, tout ces parcours inroyables, ces vies cassées jalonnées de drogues, d'alcool, de prison, de désespoir et de tout ce qui peut faire la légende. On pourrait presque se dire que c'est un peu trop... jusqu'au moment où l'on rencontre Seasick Steve ou Slow Joe. Pour Slow Joe, c'était dans un bar de Pigalle, à coté de la Cigalle. Nous avons déjà tourné plusieurs sessions là bas. On parle avec le groupe et la promo. On attend un musicien. Joe, petite silhouette fantomatique, est toujours à l'écart du groupe, dans son monde, mais jamais loin... On décide très vite de rester dans le bar, de jouer avec les miroirs contre le mur, d'une disposition du trio qui fera la session un peu particulière. Mais Slow Joe n'est pas d'humeur. Il a du mal à rentrer dans le dispositif, à se lâcher et à jouer le jeu. On a le temps, et si on ne la pas, on le prend. Cela nous rappelle que la session reste un exercice un peu étrange, loin d'être évident pour ceux qui sont devant la caméra. Un équilibre fragile. Et puis tout se met en place. La silhouette fatiguée, le chapeau bas, Slow Joe se pose sur le tabouret. Il tourne le dos à ses musiciens. Sa voix incroyable de crooner se pose et s'impose. Des décennies de douleurs, de malheurs et de combats sont là devant nous. Cette voix, ce regard, cette fatigue, ce qui semble être de la fragilité. Tout cela n'est que musique, qu'émotion. Merci à Virginie et au Café la Cigale. Images : Renaud de Foville (www.unjourpeutetre.net) www.slow-joe.com www.lecargo.org