L'historien américain Bernard Lewis a été condamné hier par le
tribunal de grande instance (TGI) de Paris pour le contenu d'une interview donnée au quotidien le Monde le 16 novembre 1993, dans laquelle il contestait la réalité du génocide des Arméniens par les Turcs en 1915. Le Forum des associations arméniennes en France et la Licra, qui avaient engagé ce procès, ont obtenu un franc symbolique de dommages-intérêts et le Pr Lewis devra faire publier cette condamnation dans le Monde.
S'ils reconnaissent à l'historien «toute liberté pour exposer, selon ses vues personnelles, les faits, les actes et les attitudes des hommes...», les juges reprochent à Bernard Lewis d'avoir occulté les éléments contraires à sa thèse pour affirmer qu'il n'y avait pas de «preuve sérieuse du génocide arménien». L'historien américain a ainsi «manqué à ses devoirs d'objectivité et de prudence en s'exprimant sans nuance
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L'historien américain Bernard Lewis a été condamné hier par le
tribunal de grande instance (TGI) de Paris pour le contenu d'une interview donnée au quotidien le Monde le 16 novembre 1993, dans laquelle il contestait la réalité du génocide des Arméniens par les Turcs en 1915. Le Forum des associations arméniennes en France et la Licra, qui avaient engagé ce procès, ont obtenu un franc symbolique de dommages-intérêts et le Pr Lewis devra faire publier cette condamnation dans le Monde.
S'ils reconnaissent à l'historien «toute liberté pour exposer, selon ses vues personnelles, les faits, les actes et les attitudes des hommes...», les juges reprochent à Bernard Lewis d'avoir occulté les éléments contraires à sa thèse pour affirmer qu'il n'y avait pas de «preuve sérieuse du génocide arménien». L'historien américain a ainsi «manqué à ses devoirs d'objectivité et de prudence en s'exprimant sans nuance sur un sujet aussi sensible» par des propos «susceptibles de raviver injustement la douleur de la communauté arménienne». Le tribunal, qui refuse de prendre position sur la réalité historique et de dire si le massacre des Arméniens entre 1915 et 1917 constitue ou non le crime de génocide, reproche à l'historien d'avoir «passé sous silence des éléments d'appréciation convergents» retenus par l'ONU et par l'Assemblée européenne en 1984 et 1987 pour qualifier de «génocide» le massacre des Arméniens. Il rejette donc les arguments de Bernard Lewis qui revendiquait le droit de s'interroger sur la définition à donner à ce massacre.
Droit de réponse de Bernard Lewis.
«Vous avez rendu compte, dans votre numéro du 22 juin 1995, de la décision rendue par le tribunal de grande instance de Paris le 21 juin dans l'affaire qui m'opposait au Forum des associations arméniennes de France ainsi qu'à la Licra. Le jugement susceptible d'appel qui m'a condamné à payer le franc symbolique de dommages-intérêts n'est pas assorti de l'exécution provisoire. Les premiers juges m'ont reproché, à l'exclusion de tout autre grief, d'avoir parlé de la version arménienne de l'histoire sans préciser que cette thèse n'était pas uniquement celle des Arméniens. En revanche, le tribunal a admis que j'avais le droit d'exprimer une opinion différente de celle des associations demanderesses et de contester la valeur et la portée de leurs affirmations. Je n'ai pas été condamné pour avoir, selon les termes de votre commentaire, contesté la réalité du génocide arménien (je n'ai d'ailleurs jamais nié la réalité des massacres). Les premiers juges se sont interdit d'apprécier et de dire si les massacres commis de 1915 à 1917 sur les Arméniens constituent, ou non, le crime de génocide tel qu'il est défini actuellement par l'article 211-1 du nouveau code pénal.»
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L'historien américain Bernard Lewis a été condamné hier par le
tribunal de grande instance (TGI) de Paris pour le contenu d'une interview donnée au quotidien le Monde le 16 novembre 1993, dans laquelle il contestait la réalité du génocide des Arméniens par les Turcs en 1915. Le Forum des associations arméniennes en France et la Licra, qui avaient engagé ce procès, ont obtenu un franc symbolique de dommages-intérêts et le Pr Lewis devra faire publier cette condamnation dans le Monde.
S'ils reconnaissent à l'historien «toute liberté pour exposer, selon ses vues personnelles, les faits, les actes et les attitudes des hommes...», les juges reprochent à Bernard Lewis d'avoir occulté les éléments contraires à sa thèse pour affirmer qu'il n'y avait pas de «preuve sérieuse du génocide arménien». L'historien américain a ainsi «manqué à ses devoirs d'objectivité et de prudence en s'exprimant sans nuance
...ЕщёL'historien américain Bernard Lewis a été condamné hier par le
tribunal de grande instance (TGI) de Paris pour le contenu d'une interview donnée au quotidien le Monde le 16 novembre 1993, dans laquelle il contestait la réalité du génocide des Arméniens par les Turcs en 1915. Le Forum des associations arméniennes en France et la Licra, qui avaient engagé ce procès, ont obtenu un franc symbolique de dommages-intérêts et le Pr Lewis devra faire publier cette condamnation dans le Monde.
S'ils reconnaissent à l'historien «toute liberté pour exposer, selon ses vues personnelles, les faits, les actes et les attitudes des hommes...», les juges reprochent à Bernard Lewis d'avoir occulté les éléments contraires à sa thèse pour affirmer qu'il n'y avait pas de «preuve sérieuse du génocide arménien». L'historien américain a ainsi «manqué à ses devoirs d'objectivité et de prudence en s'exprimant sans nuance sur un sujet aussi sensible» par des propos «susceptibles de raviver injustement la douleur de la communauté arménienne». Le tribunal, qui refuse de prendre position sur la réalité historique et de dire si le massacre des Arméniens entre 1915 et 1917 constitue ou non le crime de génocide, reproche à l'historien d'avoir «passé sous silence des éléments d'appréciation convergents» retenus par l'ONU et par l'Assemblée européenne en 1984 et 1987 pour qualifier de «génocide» le massacre des Arméniens. Il rejette donc les arguments de Bernard Lewis qui revendiquait le droit de s'interroger sur la définition à donner à ce massacre.
Droit de réponse de Bernard Lewis.
«Vous avez rendu compte, dans votre numéro du 22 juin 1995, de la décision rendue par le tribunal de grande instance de Paris le 21 juin dans l'affaire qui m'opposait au Forum des associations arméniennes de France ainsi qu'à la Licra. Le jugement susceptible d'appel qui m'a condamné à payer le franc symbolique de dommages-intérêts n'est pas assorti de l'exécution provisoire. Les premiers juges m'ont reproché, à l'exclusion de tout autre grief, d'avoir parlé de la version arménienne de l'histoire sans préciser que cette thèse n'était pas uniquement celle des Arméniens. En revanche, le tribunal a admis que j'avais le droit d'exprimer une opinion différente de celle des associations demanderesses et de contester la valeur et la portée de leurs affirmations. Je n'ai pas été condamné pour avoir, selon les termes de votre commentaire, contesté la réalité du génocide arménien (je n'ai d'ailleurs jamais nié la réalité des massacres). Les premiers juges se sont interdit d'apprécier et de dire si les massacres commis de 1915 à 1917 sur les Arméniens constituent, ou non, le crime de génocide tel qu'il est défini actuellement par l'article 211-1 du nouveau code pénal.»