Lacombe Lucien est un film franco-italo-allemand réalisé par Louis Malle sorti en 1974. En partie basé sur ce qu'a vécu le réalisateur1, le film questionne l'héroïsme de l'engagement au regard du hasard des circonstances, source d'une polémique2 qui conduira l'auteur à s'exiler de la France.
Synopsis
En juin 1944, sous l'Occupation allemande, Lucien Lacombe retourne chez ses parents. Son père est prisonnier de guerre en Allemagne et sa mère vit avec le maire du village. L'adolescent demande à son instituteur, devenu résistant, de le faire entrer dans le maquis, mais ce dernier refuse, le trouvant trop jeune. Lorsque le jeune homme est arrêté par hasard par la police, il dénonce son instituteur sous l'emprise de l'alcool et rejoint alors la Gestapo française — corps auxiliaire français de la Gestapo —, devenant un agent de la police allemande alors que l'Occupation touche à sa fin. Il tombe amoureux d'une jeune femme juive, France Horn. Lucien finit par s'enfuir à la campagne avec la jeune femme et sa grand-mère
En 1944, un jeune fermier entre par hasard dans les rangs de la Gestapo après avoir été refusé par une cellule de résistants. Parce qu'il tendait le miroir de la collaboration au public français, ce grand film sur la versatilité de l'homme suscita un tollé et contraignit Louis Malle à l'exil.
Juin 1944, dans une petite préfecture du sud-ouest de la France. Lucien Lacombe, 15 ans, travaille dans un hospice. À la faveur d'un congé, il retourne dans sa ferme du village de Souleillac. Il y découvre que sa mère vit avec un autre homme, alors que son père est prisonnier des Allemands. Il veut gagner le maquis, mais son instituteur, un résistant influent, refuse, l'estimant trop jeune. Le soir, n'ayant pas respecté le couvre-feu à cause d'un pneu crevé, il est arrêté par la police et fait la rencontre d'un groupe d'auxiliaires français de la Gestapo qui le font boire et parler, puis finissent par l'adopter. Désormais, Lucien a du pouvoir, notamment celui de tuer. Il rencontre Albert Horn, tailleur juif réputé qui a trouvé refuge en province. Il tombe éperdument amoureux de sa fille, France, et lui rend visite tous les jours…
La banalité du mal
Avec ce film, Louis Malle aborde la collaboration dans une province française sous un angle démystifiant, celui de la "banalité du mal" – théorisée par Hannah Arendt. Il met en relief le caractère grossier et fortuit des motivations personnelles, un paradoxe dans lequel réside toute la tension de la narration. Chez le jeune paysan, en l'absence de conscience politique, ce sont les ressorts primaires et égoïstes qui jouent (le désir de revanche sociale, la jouissance du pouvoir, le besoin de reconnaissance). L'engagement dans la résistance ou la collaboration tient alors à peu de choses : un pneu crevé, le hasard d'une rencontre, une humiliation, le désœuvrement… Lucien Lacombe est un personnage fascinant et fruste dont la simplicité des émotions, en proie aux faux-semblants, touche et horrifie à la fois. Cinq ans après Le chagrin et la pitié, ce film est la première œuvre de fiction à éclairer le tabou du comportement de nombreux Français pendant la Seconde Guerre mondiale. Subissant les foudres de l'opinion (autant de l'extrême gauche que de l'extrême droite), Louis Malle a dû s'exiler aux États-Unis pour poursuivre sa carrière.
Avec
Pierre Blaise (Lucien Lacombe)
Aurore Clément (France Horn)
Holger Löwenadler (Albert Horn)
Therese Giehse (Bella Horn, la grand-mère)
Stéphane Bouy (Jean-Bernard de Voisin)
Jean Bousquet (Peyssac)
Réalisation
Louis Malle
Scénario
Louis Malle
Production
NEF-UPF
Vides-Film
Hallelujah-Film
Producteur/-trice
Louis Malle
Claude Nedjar
Image
Tonino Delli Colli
Montage
Suzanne Baron
Musique
Django Reinhardt
André Claveau
Irène de Trébert
Pays
France
Allemagne
Italie
Année
1974
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